Les principes
Sébastien EGRET
Technique Alexander®
Apprendre à optimiser sa posture dans toute activité
Selon les principes de la Technique Alexander
Apprendre à mieux utiliser son corps au quotidien
Le saviez-vous ? Les cours de Technique Alexander peuvent être partiellement financés au titre de la formation continue selon votre corps de métier
Apprendre à optimiser sa posture dans toute activité
Selon les principes de la Technique Alexander
Apprendre à mieux utiliser son corps au quotidien
Pour décrire la Technique Alexander, il est tout d'abord nécessaire de définir l'usage de soi. L'usage de soi est la manière dont nous coordonnons les différentes parties de notre organisme inconsciemment ou consciemment dans toute activité.
Nous savons qu'il est préférable d'utiliser un outil d'une certaine manière, c'est-à-dire en coordonnant notre main avec cette outil et ce sur quoi il est appliqué et en utilisant la force nécessaire sinon le résultat obtenu ne sera pas celui escompté ; de plus l'outil lui-même et ce sur ce quoi il est appliqué, risquent d'être endommagés ; il y a même un risque que nous nous blessions. Mais le terme coordination peut aussi s'appliquer à ce qui passe entre les parties constitutives d'un organisme comme le nôtre. Dans ce cas, il inclut également non seulement la position dans l'espace des parties les unes par rapport aux autres constituant l'ensemble mais aussi les tensions, les forces qui s'exercent entre les parties et donc les rapports entre ses forces. Si vous avez déjà eu à monter une tente, vous avez fait l'expérience que pour que la tente puisse tenir debout, il y a un mode d'emploi à suivre et celui-ci implique un certain positionnement des différents éléments dans l'espace et des tensions justes dans les cordes et la toile pour que les armatures puissent tenir debout. Les architectes qui construisent des ponts suspendus se servent de l'équilibre des tensions entres les différentes parties constitutives pour que l'ouvrage puisse tenir. Si les rapports entre les tensions ne sont pas justes alors le système ne remplit pas son office et se détériore. Le même raisonnement peut-être tenu à propos de notre propre organisme composé de plusieurs parties coordonnées entre elles lorsqu'il accomplit des fonctions involontaires (respiration, circulation, digestion, etc) ou des activités volontaires (nos mouvements, nos pensées, notre voix, notre vision, etc). Si la coordination entre les différentes parties n'est pas optimale, alors le fonctionnement est dégradé, la personne se fatigue et se blesse. Il existe bien un usage optimal de nous-mêmes, c'est-à-dire une coordination optimale des différentes parties de nous-mêmes les unes par rapport aux autres.
Un autre élément important est que cette coordination optimale qui érige notre corps est effectuée par le système nerveux grâce à des mécanismes posturaux réflexes (donc automatiques) . C'est-à-dire que, pour reprendre l'exemple de la tente, comme il y a maintenant certaines tentes capables de se monter toutes seules dès que vous les sortez de leur étui, nos réflexes posturaux sont une sorte de programme intégré au système nerveux qui érige notre structure.
Toutefois, au fil du temps, nous développons, principalement par imitation, des manières d'être, de se comporter, des manières de réagir qui viennent interférer avec ces mécanismes posturaux réflexes, et qui se transforment en habitudes et s'intègrent à notre usage de nous-mêmes au quotidien. Dans notre cas, l'étui qui contient la tente automatique correspond à ces habitudes inappropriées liées à des conceptions incorrectes de nous-mêmes, une certaine image de soi, parfois ancrées dès le plus jeune âge qui interfèrent subconsciemment avec les mécanismes automatiques qui érigent notre système et qui les empêchent de déplier notre structure. Ceci crée un effet cumulatif sur la structure avec le temps.
Traction habituelle de la tête vers l'arrière et vers le bas
Partant de ce constat, pour améliorer l'usage de nous-mêmes, nous devons apprendre à arrêter cette interférence comportementale que nous générons à chaque instant. Comme cette interférence fait partie de notre comportement, de nos réactions dans la vie quotidienne, personne ne peut l'arrêter à notre place. Toute tentative d'essayer de faire traiter le problème à notre place en faisant repositionner les parties qui nous constituent les unes par rapport aux autres serait aussi absurde que la certitude qu'un conducteur, ayant constamment des accidents dus à sa mauvaise conduite, aurait de pouvoir résoudre son problème en réparant à chaque fois son véhicule. Par contre, nous pouvons apprendre des outils qui nous permettent d'arrêter l'interférence que nous générons (le conducteur peut reprendre des leçons de conduite). La méthode pour améliorer notre usage de nous-mêmes ne consiste pas à essayer de contrôler directement sa propre coordination en rajoutant quelque chose ("se tenir bien droit" ne résout pas le problème) mais à neutraliser consciemment ce que nous faisons en trop pour laisser la voie libre aux réflexes de coordination naturelle et leur permettre d'opérer avec moins d'interférences. La neutralisation de ce que nous faisons en trop ne peut pas se faire de manière directe en utilisant la sensation car nous sentons l'habitude comme quelque chose de "normal". C'est en pensant à une direction nouvelle de l'usage de nous-mêmes que cette neutralisation va pouvoir s'effectuer. Ceci permet petit à petit de rééduquer la perception de soi (pour qu'elle soit plus fiable et plus accessible).
Si la direction de notre usage se dégrade :
Toutes les activités sont effectuées en utilisant une coordination qui ne respecte pas le fonctionnement naturel. Ceci occasionne des troubles chroniques (maux de dos, de tête, troubles musculo-squelettiques, troubles respiratoires, etc).
Comme les mouvements sont moins efficaces, plus d'énergie doit être dépensée, ce qui crée de la fatigue ; des schémas compensatoires sont mis en oeuvre afin de continuer à fonctionner (le mouvement des côtes étant inconsciemment bloqué nous respirons en sortant le ventre ou en haussant les épaules par exemple). La même chose se produit dans toutes nos activités volontaires. Nous marchons en bloquant les genoux, nous parlons en serrant la gorge, nous réfléchissons à un problème en creusant le dos avec des conséquences plus ou moins graves.
Nos fonctions vitales sont accomplies avec une organisation musculaire globale inadéquate : les organes (cœur, poumons, estomac, intestins) sont comprimés en permanence ce qui gène leur fonctionnement.
Le physique et le mental étant intimement liés, les troubles physiques s'accompagnent souvent de troubles psychiques comme l'anxiété, la dépression, des troubles de l'attention et du sommeil. Nous sommes plus sensibles aux situations stressantes, au changement, nous avons moins de recul pour résoudre des problèmes.
Le niveau de la performance pour les artistes ou les sportifs par exemple est aussi inévitablement affecté. Le résultat attendu ne peut parfois être atteint. Ceci occasionne de la frustration. On redouble alors d'efforts pour atteindre l'objectif avec le même usage inadéquat ce qui conduit encore à l'échec et attise le manque de confiance en soi.
La Technique Alexander est une technique d'éducation psycho-physique qui permet d'apprendre à améliorer notre comportement, l'usage que l'on fait de soi. En particulier, elle permet d'apprendre à ne pas interférer avec un élément clé de la coordination interne optimale, un équilibre fondamental appelé contrôle primaire. Il s'agit d'un équilibre naturel réflexe de tensions musculaires entre la tête et les autres parties du corps. Cet équilibre particulier est nécessaire pour le bon fonctionnement de notre organisme.
La Technique Alexander part de deux constats :
la reconnaissance des habitudes qui interfèrent avec le contrôle primaire. Il s'agit notamment d'une traction habituelle néfaste appliquée sur la tête qui la bloque vers l'arrière et vers le bas en direction du tronc. Cette traction est effectuée en raccourcissant la stature. Le cou est raccourci et projeté vers l'avant, le tronc et les membres se rétrécissent.
la reconnaissance d'une appréciation sensorielle incorrecte. L'habitude de tirer la tête vers l'arrière et vers le bas en nous raccourcissant est tellement ancrée que nous ne sentons plus que cette situation est anormale. La sensation ne peut donc pas servir de guide pour changer l'habitude en premier lieu.
Nous réagissons en permanence aux stimuli de la vie quotidienne. Les stimuli viennent de l'extérieur et de nous-mêmes. Malheureusement, nos réactions habituelles à ces stimuli incluent une interférence avec le contrôle primaire ce qui engendre un dysfonctionnement à plusieurs niveaux (moteur, respiratoire, circulatoire, digestif, etc) et génère de la fatigue.
Le degré de cette interférence, en particulier le degré de raidissement du cou, dépend du stimulus (de l'activité à réaliser par exemple) et de la personne. Par exemple, F. M. Alexander raidissait plus son cou en réagissant au stimulus de réciter à haute voix qu'à celui de parler normalement. Une personne qui est entrain de s'asseoir, tire en général encore plus sa tête vers l'arrière et vers le bas que lorsqu'elle est debout. Cette dégradation est même déjà observable lorsqu'elle est encore debout et qu'elle projette de s'asseoir. Une étude [1] de 2019 publiée dans Human Movement Science a montré qu'une personne peut changer son utilisation d'elle-même par simple anticipation d'un mouvement qu'elle projette de faire. En moyenne, les participants à cette étude dégradaient significativement leur usage pendant la phase d'anticipation en tirant leur cou vers l'avant. Un autre résultat intéressant de cette étude est que le degré de dégradation de l'usage pendant l'anticipation du mouvement était inversement proportionnel à la capacité d'inhibition de la personne mesurée avec des tests cognitifs (tests Go/No Go et Stroop).
La Technique Alexander propose d'apprendre des moyens qui permettent d'améliorer l'usage de soi c'est-à-dire de rétablir et de préserver l'équilibre naturel de la tête par rapport au reste du corps en toute circonstance :
La personne apprend en particulier à s'accorder une pause intérieure pour choisir de ne pas accomplir une action ou de ne pas continuer une activité en cours selon sa façon habituelle : c'est "l'inhibition".
Pendant cette pause, il est alors possible d'encourager par la pensée, des orientations plus naturelles dans son propre corps sans faire appel à la sensation en premier lieu : c'est ce qu'on appelle les "directions". Ces directions sont utilisées pour prévenir l'interférence habituelle avec le fonctionnement naturel. Les directions permettent un changement de l'équilibre de la tête par rapport au reste du corps.
Ce nouvel équilibre interne est perçu par la personne et la perception de cet équilibre peut alors servir de guide pour effectuer l'action projetée ou continuer l'activité.
Le professeur de Technique Alexander guide la personne dans cet apprentissage grâce à des indications verbales, des schémas, un contact manuel, des photos ou des enregistrement vidéos de la personne.
La Technique Alexander donne la possibilité d'avoir un meilleur usage de soi A CHAQUE INSTANT. Toutes les activités sans exception sont concernées. Lorsque l'usage s'améliore, les troubles occasionnés précédemment par un usage inapproprié tendent à s'estomper, l'efficacité augmente : cela renforce l'estime de soi. Les conditions sont présentes pour que le potentiel de chacun se réalise.
Cette technique ne propose pas des exercices à pratiquer mais des outils à utiliser dans toute activité.
Elle ne propose pas de chercher à se "tenir" droit. Lorsque l'on essaie de se tenir droit, c'est artificiel et contre-productif, on raccourcit encore plus la zone lombaire du dos pour combattre l'affaissement perçu à l'avant du tronc, on retreint l'espace entre les omoplates, tout cela est fatiguant. Outre le fait que cela soit inutile, chacun vérifie qu'il est impossible de tenir bien longtemps dans ces conditions. La Technique Alexander propose plutôt d'enlever l'interférence habituelle qui nous empêche d'être droit (les jeunes enfants sont droits car ils n'entravent pas encore leur équilibre postural naturel, ils n'essaient pas de se tenir droit ). Une posture naturellement équilibrée est une posture où l'on ne "tient" pas, où l'on ne fait pas d'effort et donc qui ne génère pas de fatigue.
La Technique Alexander n'encourage pas un relâchement musculaire général mais une redistribution indirecte des tensions musculaires grâce au rétablissement d'un équilibre plus naturel entre la tête et le reste du corps. Sans cet équilibre, le "gainage" naturel de l'abdomen ne peut être activé. Tout renforcement musculaire sans cette équilibre est inutile et renforce les habitudes inappropriées.
La Technique Alexander ne s'apparente pas à des techniques de massage, manipulations osthéopatiques ou myofasciales. Il peut toutefois y avoir une complémentarité entre ces techniques et la Technique Alexander. La Technique Alexander ne se substitue pas à un soin médical pour un trouble spécifique, elle permet une amélioration globale de l'utilisation de l'organisme qui peut faire disparaître indirectement certains troubles spécifiques liés à un mauvais usage.
Citation du site de l'APTA (Association des Professeurs de la Technique Alexander)
Frederick Mathias Alexander (1869-1955)
Acteur australien spécialisé dans le répertoire Shakespearien, il développa sa technique à la suite de problèmes d'aphonie qui l'empêchaient de poursuivre sa carrière.
Une longue et patiente recherche sur lui-même, basée sur l'observation, lui fit prendre conscience que ses problèmes de voix étaient dus non pas à une déficience locale mais à une mauvaise utilisation de tout son organisme. Il comprit aussi très vite qu'il était impossible de dissocier le corps du mental.
La découverte fondamentale de F.M. Alexander est qu'il existe chez l'homme, comme chez tous les vertébrés, une "commande primaire qui détermine l'utilisation correcte de l'organisme dans son ensemble" : lorsque la tête se trouve dans une certaine relation dynamique avec le cou et le tronc, l'organisme psycho-physique entier fonctionne au mieux de ses possibilités naturelles.
Progressivement, il mit au point les principes fondamentaux d'une méthode devant remédier à une tendance universelle à interférer avec cette coordination naturelle de l'organisme.
(1) Baera JL , Vasavadab A, Cohen RG, Neck posture is influenced by anticipation of stepping, Human Movement Science 64 (2019) 108–122. doi: 10.1016/j.humov.2019.01.010